Ile Madame, Nouvelle Écosse
Echappé de la Déportation
Michel Samson s’établit sur l’Ile Madame
La bataille entre les anglais et les français pour la suprématie dans l’Amérique du Nord continua à s’escalader. Voulant protéger leurs intérêts à L’Ile Royale, les français érigèrent la grande forteresse de Louisbourg dans la partie nord de l’île. Ils espéraient de cette façon sécuriser en même temps leur dernière partie de territoire du côté de l’Atlantique et l’embouchure du Saint Laurent, le port de Québec. Les forces anglaises s’emparèrent du fort en 1745, le cédèrent aux français trois and plus tard et le conquirent finalement en 1758.
À la suite de la première déportation des acadiens continentales de la Nouvelle Écosse en 1755, les français résidents de l’île Royale craignaient pour leur vie, surtout après la défaite de Louisbourg. En fait, une seconde déportation se fit en 1758 et plusieurs membres de la famille Samson furent déportés vers la France sur le navire « la Reine d’Espagne ». Plusieurs refugiés ne survécurent le voyage vers l’Europe, en particulier les jeunes enfants. Lorsque le bateau arriva à St. Malo en France le 17 novembre 1758, un nombre des survivants était si malade qu’ils moururent à l’hôpital au cours de mois suivants. Des 108 passagers de « La Reine d’Espagne », 58 moururent durant la traversé Transe-Atlantique, incluant le fils de Gabriel, Charles Samson, et ses deux enfants, Pierre et Marguerite. La fille de Gabriel, Jeanne Samson, et son mari Charles Pinet étaient aussi à bord et moururent durant le voyage.
L’ainé des fils de Gabriel, Michel Samson, son épouse Jeanne Testard et pratiquement tous leurs enfants furent aussi déportés en France en 1758. Plusieurs survécurent la traversé. Il se peut que Michel, Jeanne et quelques enfants de la famille soit transportés sur un navire alterné, puisque Jeanne Testard est incluse dans les recensements de La Rochelle en 1761/62. Cependant certains de leurs enfants furent transportés sur « La Reine d’Espagne ». Leur plus vieille enfant Anne « Jeanne » Samson était à bord avec son mari Nicolas Préjean, mais ils sont tous deux morts avant d’atteindre la France. Le fils de Michel, Jean-Amand Samson et son épouse Marie-Josèphe Bricette étaient à bord avec leurs deux enfants Pierre et Michel. Les enfants sont morts en mer et Marie-Josèphe était si malade qu’elle se décéda à Saint-Malo le 22 novembre 1758, seulement 5 jours après l’arrivé du bateau. Jean-Amand fut admis à l’hôpital le 18 novembre et en est ressorti le 4 décembre 1758. Ayant perdu toute sa famille et étant très affaibli par sa maladie, il mourut quelques mois plus tard à Saint-Malo le 30 mars 1759.
Les conditions pour les Acadiens déportés en France étaient extrêmement difficiles. Ayant vécu en Amérique du Nord pour plusieurs générations, les Acadiens ne se sentaient pas « Européens » et étaient de culture distincte et différente. Puisqu’ils recevaient des subsides du gouvernement, leurs voisins français étaient souvent pleins de ressentiment. Trouver de l’emploi était vraiment difficile et ceux qui réussissait travaillait d’habitude dans les pêcheries, la navigation ou le fermage. Plusieurs Acadiens décidèrent que leur seule chance de prospérer était de retourner en Amérique du Nord, soit à leurs terres d’origine ou aux colonies de la Louisiane.
Après la signature du traite de Paris le 10 février 1763, les acadiens en France et ailleurs retournèrent à la Nouvelle Écosse. La politique des Anglais en 1764 était que les Acadiens pouvaient se reloger en petits groupes autour de la province et fraterniser avec les colons anglais à condition qu’ils prêtent le serment d’allégeance. Michel Samson et sa famille traversèrent l’océan en route pour le Cap Breton ou les Iles de Saint Pierre et Miquelon. En avril 1764 Michel, son épouse Jeanne, leur fils Fabien et Louis, leur filles Judith et Marie-Josèphe et leur petits-enfants Madeleine et Louis Martel étaient à bord le navire « Le Neptune » lorsqu’il coula près de la côte de Terre-Neuve. La famille fut noyée et enterrée par la suite sur l’ile St. Pierre le 22 avril 1764. Ça fait une triste et terrible tragédie que Michel, sa femme et ses enfants, survivant la déportation horrifique en France et souffrant six longues années à l’attente avant d’apprendre qu’ils pourraient retourner dans leur pays, périssent si près des berges de leur terre natale.
La fille de Michel, Jeanne « Jeannette » Samson et son mari Joseph Martel survécurent le naufrage et restèrent à St. Pierre avant de retourner au Cap Breton sur le vaisseau « La Mariane » en 1767. Ce qui fait que la famille des Samson d’Acadie fut presque exterminée à la suite de la déportation en France.
Le seul autre survivant de Michel Samson, aussi nommé Michel, est né à Port Toulouse aux environs de 1738 et maria en 1761 Madeleine Martel, la fille de Jean-Baptiste Martel et Marie-Josèphe Pouget. Selon la tradition orale familiale, Michel et la famille de son oncle Mathieu Samson se sont rendus à Port Toulouse durant la seconde déportation et se sont cachés dans les bois, échappant ainsi à la capture par les britanniques. Soutenus par les Mi’kmaq, ils vécurent de façon nomade jusqu’en 1763 et éventuellement formèrent la communauté Acadienne de L’Ardoise. Le mariage de Michel à Madeleine fut revalidé (bénit officiellement par un prêtre catholique) à L’Ardoise par le missionnaire itinérant, Charles-François Bailly le 3 octobre 1771. Une transcription de leur mariage apparaît à la page 64 du registre de Bailly et se lit comme suit :Le trois octobre 1771 a Lardoise havre de Lisle du Cap breton nous avons réhabilitez les mariages des cydessous nommes contractés en présence de témoins au défaut de missionnaire et avec la permission de Mr. Maillard grand vicaire et nous leur avons donné la bénédiction nuptiale selon la forme de notre mère la sainte église romaine après leur avoir fait renouveler leur mutuel consentement de mariages, en présence de Jean Père, Alexandre Roch, Joseph Martel, et plusieurs autres témoins…. Michel Sampson, fils de Michel Sampson et de Ann Paris, avec Magdeleine Martel, fille de J. Bap. Martel et de Marie Pouget, il n’ya aucun empêchements.
Craignant plus de persécution par les Anglais, Michel Samson (le jeune) et sa famille cherchèrent un endroit plus propice et isolé que L’Ardoise, et se retirèrent finalement sur l’Ile Madame en 1780. Michel pétitionna en 1806 pour l’arpentage d’un lot qu’il avait occupé pour plus de 20 ans. En 1809, il fit un requit pour 50 acres sur L’Ile Madame, sur la « rive sud de la Barrachois », au Petit de Grat. Ses fils Cyprien, Magloire et Fabien restèrent au Petit de Grat, et son fils Sébastien s’établit à Petit-Arichat (maintenant l’Arichat Ouest), aussi sur l’Ile Madame.
Le fils de Cyprien, Sébastien Samson, était l’un des deux fondateurs originaux de Barachois St. Louis (maintenant nommé Louisdale), opposé l’Ile Madame au Cap Breton continental. En septembre 1850, Sébastien et Jean-Marie Marchand quittèrent l’île Madame pour explorer la rive nord du passage Lennox. Ils construisirent une maison en bois rond à Seal Cove et s’y rentrèrent passer l’hiver avec leurs familles. L’année suivante les familles de Bejamin Linden, Isaïe Marchand et Régis Marchand se relogèrent dans ce nouvel établissement, et en 1856 Le frère de Sébastien, Joseph « Josué » Samson s’y établit aussi avec sa famille. Ce qui fait que Michel Samson fut l’ancêtre des Samson du Petit de Grat, l’Arichat Ouest et Louisdale.
Écrit par Charles A. Samson, avril 2010, traduit par Louis Samson de Levis, Québec, et édité par Brenda Gervais.
Sources: Stephen A. White, généalogiste à l’université de Moncton, Nouveau-Brunswick; “The Acadian Exiles in Saint-Malo”, par Albert Robichaux; “Acadians in France – Volume III”, Reider and Reider; “Catholic Parish church records”, Ile St. Pierre & Miquelon, France; Régistre de L’abbé C. F. Bailly, missionnaire, et Cape Breton Crown Land Papers.